L'
hippocampe feuille ou
dragon de mer feuillu (
Phycodurus eques) est une
espèce de
poisson marin apparenté à l'
hippocampe originaire du sud des côtes australiennes, où il est protégé. C'est le seul représentant du
genre Phycodurus.
Le dragon de mer feuillu est présent près des côtes du sud et de l'ouest de l'
Australie, généralement dans des eaux tempérées peu profondes.
Son nom provient de son apparence, il possède de longues protubérances en forme de feuilles présentes sur tout le corps. Ces
protubérances ne servent pas à la
propulsion, mais ne sont qu'un camouflage. Le dragon des mers feuillu se propulse au moyen d'une
nageoire pectorale, sur le dessus de son cou, et d'une
nageoire dorsale, plus près de l'extrémité de sa queue. Ces petites
nageoires sont presque entièrement transparentes et difficiles à voir tant elles ondulent minutieusement pour mouvoir la créature tranquillement dans l'eau, participant à l'illusion d'une algue ondoyante. Pour se
camoufler, il possède des
appendices imitant les feuilles des
sargasses, des
algues brunes fréquentes dans leur milieu. Il peut également changer de couleur pour se fondre dans son environnement, mais cette capacité s'appuie sur l'alimentation du dragon des mers, l'âge, le lieu et le niveau de stress. Il peut être de couleur verte, jaune ou même rouge.Tout comme l'hippocampe, le nom du dragon des mers feuillu est dérivé de sa ressemblance avec une autre créature (dans ce cas, une créature mythique). Il est légèrement plus grand que la plupart des hippocampes, les plus gros spécimens observés avoisinant les 45 centimètres. Le dragon des mers feuillu a un long bec et de petites nageoires qui en font une proie facile pour ses prédateurs.Le dragon de mer feuillu est lié aux
syngnathes et appartient à la
famille des
Syngnathidés, comprenant les hippocampes. Il diffère de l'hippocampe dans l'apparence, la forme de locomotion, et son incapacité à saisir les choses avec sa queue. Une espèce parente est le
dragon de mer phylloptère, qui est multicolore et imite des algues avec ses nageoires, mais est plus petit que le dragon des mers feuillu.
Il aime les bouquets d'algues où, à l'abri des prédateurs, il guette ses proies ; il se nourrit principalement de
plancton et de
crustacés, y compris des mysidacés, mais son régime alimentaire comprend également des
crevettes et des petits poissons. Grâce à son aspect
foliacé vert et jaune, il se fond entre le
varech et le sable. Ainsi, vigilant et invisible, il peut espérer vivre jusqu'à l'âge de 8 ans. Curieusement les dragons des mers feuillus n'ont pas de dents, ce qui est rare chez les animaux qui se nourrissent de petits poissons et de crevettes.
Comme pour les hippocampes, le dragon des mers feuillu mâle s'occupe des œufs. La femelle produit jusqu'à 250 œufs rose vif, puis les dépose dans la queue du mâle via un long tube. Les œufs s'attachent alors à une
plaque incubatrice, qui leur fournit de l'oxygène. Il faut un total de neuf semaines pour que les œufs éclosent, selon les conditions de l'eau. Les œufs virent couleur pourpre ou orange au cours de cette période, après quoi le mâle agite sa queue jusqu'à ce que les nourrissons sortent, un processus qui se déroule dans les 24-48 heures suivantes. Le mâle aide les bébés à sortir en agitant sa queue, et en la frottant contre des algues et des rochers. Une fois né, le nourrisson du dragon des mers est totalement indépendant, il s'alimente du petit
zooplancton jusqu'à ce qu'il soit suffisamment grand pour chasser des
mysidacés. Seulement 5% des œufs survivent. Il faut environ 28 mois au dragon des mer feuillu pour atteindre sa maturité sexuelle.
Le dragon de mer feuillu utilise les ailettes sur le côté de sa tête pour s'orienter et pour tourner. Toutefois, sa peau est épaisse, ce qui limite sa mobilité.
Des dragons de mer feuillus seuls ont été observés au même emplacement durant de longues périodes (jusqu'à 68 heures). Mais il arrive qu'ils se déplacent sans s'arrêter pendant plusieurs heures, atteignant une vitesse allant jusqu'à 150 mètres par heure.
Les dragons de mer feuillus sont soumis à de nombreuses menaces, à la fois naturelles et anthropiques. Ils sont capturés par les collectionneurs et utilisés en
médecine alternative. Ils sont vulnérables dans la période qui suit leur naissance car ce sont des nageurs très lents, ce qui réduit leur chance d'échapper à un prédateur. Les dragons des mers se perdent souvent après les tempêtes, se retrouvant éloignés de leur parent car ils ne peuvent pas enrouler leur queue autour d'un support et sont donc à la merci des courants forts.Comme les
récifs coralliens d'Australie, les dragons des mers feuillus sont menacés par la pollution industrielle et le ruissellement des pesticides, ainsi que la collecte par les plongeurs irrespectueux, fascinés par leur aspect unique. En réponse à ces dangers, ils ont été officiellement protégés par le
gouvernement fédéral d'Australie.
Le dragon de mer feuillu se trouve principalement dans les eaux de l'Australie de l'
Île Kangourou, sur la rive sud de la
baie Jurien et sur la rive occidentale. On pensait qu'ils étaient
sédentaires, cependant, des recherches plus approfondies ont montré que le dragon des mers voyage en fait à plusieurs centaines de mètres de son habitat, pour retourner au même endroit à l'aide d'un fort sens de l'orientation. On les trouve principalement autour des massifs de sable dans les eaux jusqu'à 50 mètres de profondeur, en se cachant parmi les rochers et les herbes marines.
En raison de sa protection par la loi, l'obtention de dragons de mer est souvent un processus coûteux et difficile car les individus doivent provenir d'élevages et les exportateurs doivent prouver que leurs géniteurs ont été capturés avant la mise en place des restrictions ou qu'ils ont un permis de collecte. À ce jour, aucun programme d'élevage en captivité n'est parvenu à les reproduire (en récupérant une génération de dragons des mers maintenu en captivité pour se reproduire). Les dragons des mer ont un niveau spécifique de protection en vertu de la législation fédérale de la pêche, ainsi que dans la plupart des États d'Australie où ils habitent.
Ils sont très fragiles et instables en dehors de leur habitat naturel. La réussite de leur maintien en captivité relève en grande partie du secteur public, nécessitant un financement et des connaissances qui ne sont pas disponibles pour les aquariophiles amateurs.