Le
pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) est un
rapace qui vit en
Amérique du Nord. Malgré son nom anglais de
Bald Eagle (« aigle chauve ») ou sa dénomination populaire d'« aigle à tête blanche », il ne s'agit pas d'un
aigle mais d'un
pygargue : il s'en distingue par son
régime alimentaire, essentiellement composé de
poissons, mais aussi par son
bec massif et par le fait que ses pattes ne sont pas recouvertes de plumes jusqu'aux serres, l'un des
caractères propres aux vrais aigles. Alors que l'aigle vit dans les
massifs forestiers et les
montagnes, le pygargue préfère les
lacs, les
rivières et les
zones côtières, où il peut trouver sa nourriture. À ce titre, il est parfois nommé « aigle de mer ». Subdivisé en deux
sous-espèces, il se rencontre de l'
Alaska au nord du
Mexique. Choisie comme emblème national par les
États-Unis, l'espèce a été un temps menacée dans ce pays au
XXe siècle, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Le pygargue à tête blanche est un
oiseau de grande taille : son corps mesure entre 71 et
96 centimètres pour un poids de 3 à
6,3 kilogrammes. Souvent appelé à tort "aigle royal", l'espèce présente un
dimorphisme sexuel car les
femelles sont 25 % plus grandes que les
mâles. Aussi l'
envergure maximale de l'oiseau varie de
168 centimètres pour le mâle à 244 pour la femelle
. De même, cette dernière pèse environ
5,8 kilogrammes et le mâle 4,1
.
La taille varie également en fonction des régions : les plus petits spécimens vivent en
Floride, au sud-est des États-Unis, où l'adulte mâle dépasse rarement les
2,3 kilogrammes pour une envergure de
1,8 mètres. Les pygargues à tête blanche les plus imposants se trouvent en
Alaska, où les plus grands pèsent plus de
7,5 kilogrammes pour une envergure de plus de
2,4 mètres.On reconnaît facilement l'individu adulte à son
plumage brun, sa tête et sa queue blanches, qu'il soit mâle ou femelle. Les jeunes sont complètement bruns sauf pour les pattes.Les yeux et les pattes du pygargue à tête blanche sont d'un jaune vif, tout comme son
bec, crochu
et massif. La queue de l'animal est moyennement longue et légèrement en forme de coin. Les pattes sont dépourvues de plumes. Les
orteils sont courts et munis de puissantes
serres qui permettent de saisir et d'immobiliser les proies, celle qui se trouve à l'arrière du talon étant utilisée pour les transpercer
.Le plumage du jeune est brun avec des taches blanches jusqu'à ce que l'individu atteigne sa
maturité sexuelle, vers l'âge de quatre ou cinq ans. On le distingue de l'
aigle royal, également présent en
Amérique du Nord, par son bec plus large, ses jambes dépourvues de plumes, ses ailes plates et son vol
.Le pygargue à tête blanche vit généralement près des côtes maritimes, des cours d'eau, des lacs riches en poissons. Des études ont montré qu'il préfère les étendues d'eau d'une
circonférence supérieure à
10 kilomètres.
Ce rapace a besoin de grands arbres (
conifères ou
feuillus) pour se percher et faire son nid. Il choisit des forêts dont la
canopée couvre de 20 à 60 % et se trouvant près d'un point d'eau
.
Le pygargue à tête blanche est sensible aux activités humaines et recherche les zones les plus sauvages. Selon les spécialistes, il vit à plus de
1,2 kilomètres des secteurs faiblement peuplés par l'Homme et à plus de
1,8 kilomètres des secteurs urbanisés ou moyennement occupés
.
L'aire de répartition naturelle du pygargue à tête blanche couvre la plus grande partie de l'
Amérique du Nord, du
Mexique au sud, au
Canada et à l'
Alaska au nord, en passant par les
États-Unis. C'est la seule espèce de pygargue présente sur le continent nord-américain. L'oiseau peut vivre dans des
milieux naturels très divers, des
bayous de
Louisiane au
désert de Sonora, jusqu'aux forêts du
Québec et de la
Nouvelle-Angleterre. Ceux qui occupent le nord du continent américain
migrent , alors que les autres restent toute l'année sur leur territoire de chasse.Les pygargues à tête blanche se rassemblent dans certains secteurs en hiver. Ainsi, de novembre à février, 1 000 à 2 000 oiseaux hivernent à
Squamish, à mi-chemin entre
Vancouver et
Whistler. Ils se nourrissent de
saumons dans les rivières
Squamish et
Cheakamus.En vol, le pygargue à tête blanche utilise les courants ascendants pour se déplacer. Il peut atteindre facilement les vitesses de
56 kilomètres par heure en vol plané à 70 en vol battu. Il peut voler à environ
50 kilomètres par heure pour attraper un poisson.
Le régime alimentaire du pygargue à tête blanche est varié et opportuniste, même s'il mange principalement du
poisson. Sur le littoral nord-ouest du
Pacifique, les
truites et les
saumons composent l'essentiel de son alimentation
. Localement, son régime peut toutefois s'écarter substantiellement du schéma général. Ainsi, en
Colombie Britannique, les poissons n'entrent que pour 10 % dans son alimentation, alors que les
invertébrés marins en représentent 45 % et les oiseaux 41 %
. Dans certaines situations, notamment en hiver, il peut se nourrir de
charognes d'
ongulés, de
baleines ou de poissons. Il lui arrive de prendre sa nourriture dans les campings, sur les aires de pique-nique et dans les décharges. Quand il pêche, il n'entre pas dans l'eau comme le
balbuzard pêcheur, mais recherche les poissons morts ou mourants ou des poissons de surface. En plein vol, il tend son cou en avant, puis le rejette en arrière jusqu’à toucher son dos. Il capture poissons volants et
anguilles en les retenant à l’aide de ses puissantes
serres. Le pygargue à tête blanche peut nager s'il est menacé et il arrive qu'il se noie ou qu'il meurre d'
hypothermie.
Il peut aussi se nourrir d'
oiseaux comme les
grèbes, les
pingouins, les
mouettes, les
canards, les
foulques, les
aigrettes et les
oies ; il peut parfois s'attaquer à des proies plus importantes comme le
Grand Héron ou le
cygne, mais aussi à des
mammifères comme les
lapins, les
lièvres, les
ratons laveurs, les
rats musqués, les
loutres de mer et les
faons. Les
reptiles,
amphibiens et
crustacés (en particulier les
crabes) complètent le régime alimentaire du pygargue à tête blanche. Dans les colonies d'oiseaux de mer, il peut exercer sa prédation sur les adultes et les poussins, mais aussi sur les œufs.
Il utilise ses pattes aux serres acérées pour saisir et transporter ses
proies. Lorsque la nourriture est insuffisante, le pygargue peut prendre la nourriture à d'autres prédateurs, comme le
balbuzard pêcheur ou bien attaquer des animaux comme le
coyote, le
renard, le
vautour ou la
corneille. Il peut lui-même être attaqué par l'
aigle royal. En principe solitaires, les individus se rassemblent en groupes en hiver là où la nourriture est abondante. C’est notamment le cas pendant la migration des saumons.